Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Allo… Qui est-ce qui parle ? Est-ce vous, Mac Allermy ? Le Sauvage vient d’arriver. »

La jeune femme eut un tressaillement d’horreur. Prévenir Fildes… Mais non, comment le vieillard se protégerait-il lui-même ?… C’était le bandit qu’il fallait terrifier. Elle répondit :

« Justement, je veux lui parler… de la part de Mac Allermy. »

Elle entendit bientôt la voix dure et éraillée du Sauvage :

« Allo ! Qui est là ?

— C’est moi, Patricia… Je viens te donner un conseil. Décampe… J’ai prévenu la police de tes intentions contre Fildes. Décampe tout de suite.

— Bah ! c’est toi, fit la voix sans autrement s’émouvoir, alors cet idiot de matelot a fait des siennes… Ça va, je vais partir. Mais j’ai bien cinq minutes. J’ai encore un mot à dire à M. Fildes. »

Patricia frémit, mais sa voix devint impérieuse et dure :

« Prends garde, Sauvage. J’ai tout dit. Les gens de la police sont partis en auto. Ils doivent déjà cerner la maison. Pense à la chaise électrique si tu commets ton crime…

— Merci de t’intéresser à moi, répondit la voix railleuse. Alors, on va se dépêcher… »

Un silence là-bas. Puis, soudain un cri étouffé… un cri d’agonie.

« Ah ! le bandit ! murmura Patricia, haletante, près de défaillir ; le bandit, il l’a tué. »

Affolée, elle raccrocha le téléphone, s’enfuit en jetant de l’argent au garçon du bar. Le matelot arrivait ; elle l’évita, et dehors courut éperdument. Par fortune elle vit un taxi vide, y sauta. La tête perdue, machinalement, au lieu de donner au