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demanda Patricia avec une sollicitude alarmée.

— Il le faut bien ! »

Il se dressa, mais faillit retomber.

« Allons, dit-il en riant, ça ne va pas fameusement. Il me faut un cordial et un pansement. Allons les chercher. Saïda me portera bien jusqu’à la cour, comme elle a porté Rodolphe aux Corneilles. »

Et, en effet, comme l’avait fait le petit garçon, Lupin s’assit à califourchon sur le félin, et la puissante bête, sans même paraître s’apercevoir de ce fardeau, par les couloirs gagna la cour de la banque. La plus grande des autos de Lupin, une voiture large et profonde, attendait sous la garde du chef d’escouade Étienne. La peur salutaire de la tigresse avait éloigné tout ennemi et même tout curieux. C’est sans voir personne, sinon sans être vus par personne, que Patricia et Lupin s’installèrent sur les banquettes de la voiture, pendant que la tigresse s’accroupissait devant eux et qu’Étienne s’asseyait au volant.

« Les flics sont partis ? lui demanda Lupin.

— Oui, patron, en emmenant les gangsters menottes aux mains. Ils les ont cueillis à la sortie.

— Comme fiche de consolation, railla Lupin. Bah ! désiraient-ils vraiment tant que ça me prendre ? Un peu de battage pour l’opinion publique. Lupin pris serait bien gênant. Allons, Étienne, gaze ! À Maison-Rouge, et en vitesse ! »

La voiture démarra, sortit sans encombre de la cour de la banque et, sans obstacle, fit le trajet jusqu’à Maison-Rouge.

En arrivant au domaine et pendant que Patricia montait rejoindre son fils, Lupin, dès le vestibule, cria à pleins poumons et d’une voix triomphante :

« Victoire ! Victoire ! »