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un escalier obscur avec un fracas dont les échos se prolongèrent.

« Ça va loin, dit le paysan, et puis, au milieu, il y a une grille qui barre le passage. »

Il alluma une lanterne. Horace en fit autant pour sa lampe de poche. Au bout de deux cents pas, la grille les arrêta. Par bonheur, la clef était sur l’autre face de la serrure ; les fugitifs avaient négligé de la retirer.

Ils reprirent leur course. Bientôt un air plus frais emplissant le souterrain annonça l’approche du fleuve. Et, tout à coup, dans l’encadrement d’une fenêtre qui n’avait plus ses vitres ni même ses boiseries et qui était la fenêtre d’une masure restée debout par on ne sait quel miracle, le dehors fut visible. Au milieu de roches luisantes de vase qui bossuaient la berge à cet endroit, la vaste nappe liquide du fleuve étincela, sous la lumière douteuse de la lune. Trois cents mètres plus loin, à gauche, se dressait un promontoire rocheux que dominaient, en arrière, les hauts peupliers d’une cour de ferme. Dans cette cour flambait un grand feu. Au-delà se profilaient les masses noires d’une colline boisée.

Horace avança avec précaution. Près du feu, une tente gonflait sa toile écrue. Au seuil de cette tente, sous la toile aménagée en store, trois hommes, en apparence des bûcherons, étaient assis sur des pliants. Un tabouret, près d’eux, portait des bouteilles et des assiettes. Les hommes mangeaient et buvaient, servis par une femme.

Horace douta un instant que ces trois individus pussent être Maffiano et ses complices. Comment auraient-ils pu oser s’installer si près de lui ! Mais il savait l’audace folle et l’imprudence de Maffiano. D’ailleurs presque tout de