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En chemin, j’ai rencontré son amant. Il a des cheveux presque blancs. Son dos se voûte. Sa marche est hésitante. C’est celui-là cependant pour qui elle m’a trahi, c’est lui qu’elle me préfère.

Pourquoi pas ? Je me suis trompé en concluant de la similitude de nos apparences à l’entente certaine de notre chair. C’est peut-être l’accord des âmes qui produit l’harmonie sensuelle la plus parfaite. Si son jeune corps, insensible à ma caresse ardente, vibre sous les baisers timides du vieillard, c’est que les paroles tendres, les prières, les câlineries, les délicatesses du cœur le troublent plus profondément que la volonté brutale de mon désir.

Sois heureuse, Nanthilde, aime qui tu peux aimer…