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vivre tranquille et seule, Je veillerai sur elle, comme si c’était ma fille… »

Certes, ma douleur fut atroce, et j’ai passé là des heures horribles, auxquelles ont succédé de longs jours monotones et inoccupés. Mais je ne peux pas me plaindre, car c’est à cette douleur que je dois l’éveil de ma conscience. J’ai vu clair en moi. J’ai vu que j’aimais Nanthilde et que j’avais agi comme un criminel. J’ai compris quelle admirable créature j’avais foulée aux pieds et combien sa fuite était excusable, même légitime. Alors, j’ai vécu dans le seul espoir de la mériter quelque jour.