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Elle ouvrit et se pencha.

— C’est vous, mon Georges ?

Par un instinct confus, elle ne lui tendit pas ses mains à baiser. Il entra. Avec lui, avec la nuit délicieusement calme, entra tout le mystère de l’amour, de l’amour souverain qui lave les souillures, qui efface le passé, et pour qui l’avenir existe seul.

Elle comprit que l’acte de la veille n’avait aucune importance. Aurait-elle honte d’une petite déchirure à la main ! Qu’était-ce autre chose ? Toute femme qui se donne se donne pour la première fois. Le reste n’est que préjugé, habitude et bêtise. L’unique devoir consistait à épargner à Georges l’horrible vérité.

Mais que vaudrait un amour qui ne pourrait se résigner au mensonge ?

Elle fut infiniment heureuse. Elle se sentait aussi pure qu’autrefois. Georges s’avança. Elle palpita d’une émotion inconnue, toute rougissante de pudeur. Il la prit dans ses bras. Et il dut la supplier pour qu’elle consentît à lui abandonner sa bouche, sa bouche de vierge…