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trouver au bout du jardin public, devant les ruines du château, sur un banc d’où l’on découvre la merveilleuse vue que vous savez. Et elle reste jusqu’à ce que le soleil se couche.

— Que fait-elle là ? demandai-je.

Mon voisin se mit à rire.

— Elle attend, paraît-il, elle attend l’inconnu, le héros d’amour que chaque femme espère. « Il viendra par-là, dit-elle un jour, en souriant, à un prétendant qui se moquait de son attente ; il viendra par la route de la vallée, à cheval ; et il montera ce sentier, le long de la colline. » Voilà dix ans qu’elle se réserve pour lui.