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Le Cueilleur de bouches




Tandis qu’elle parlait, il regardait le mouvement de ses lèvres, les jeux charmants et divers que leur imposait la forme des mots. Elle s’en aperçut, et les syllabes expirèrent, indécises. Il murmura :

— Donnez-moi votre bouche.

Elle fut interdite. Il n’y avait pas une heure qu’ils se connaissaient et qu’ils causaient dans le jardin de la petite ville provençale où elle tâchait de rétablir sa santé chancelante, Pourtant, il avait dit cela d’une voix si singulière, et il attendait avec une telle prière dans les yeux qu’elle se sentait troublée prête à lui obéir. Il répéta, penché sur elle :

— Donnez-moi votre bouche, je ne veux que votre bouche ; je ne vous demanderai jamais autre chose que votre bouche, je vous je jure.

Cette fois, elle le repoussa avec une sorte