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mystérieuse qui enveloppait la disparition de Geneviève.

Ils revinrent en Bretagne. Le soir même de son arrivée, Tristan, fuyant des souvenirs trop douloureux, vint sonner au manoir de son ami. Il y passa la nuit et les journées et les nuits suivantes, et plus jamais il ne revit les tourelles et les créneaux de Caorches. Il faisait de longs détours pour ne s’en point approcher.

Et la vie fut monotone. Une mélancolie épaisse comme la brume qui pesait au crépuscule sur les étangs mornes, leur cachait désormais la joie des beaux spectacles et leur fit oublier la douceur de vivre. Peut-être, à la longue, la blessure de Tristan s’apaisa-t-elle, mais il ne riait jamais, et ses yeux vagues semblaient toujours regarder vers des choses disparues ou invisibles.