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— Il n’est pas possible que l’on se soit tant aimé et qu’il n’en reste que des souvenirs ! s’écria Raoul. Non, mon amie, rien de tout cela ne peut mourir. Ce furent des choses trop belles. Elles vivent en nous sans que nous le sachions, elles font partie du présent au même titre qu’hier et aujourd’hui : il suffit d’un mot pour que les plus vieilles minutes soient des minutes actuelles.

Et ce fut, en effet, comme autrefois. Leur émotion était de même nature que leurs émotions passées, plus douce peut-être, et plus grave. Comme jadis, Raoul prit la main de Régine et, comme jadis, d’un mouvement gracieux, elle porta la main de Raoul à ses lèvres.