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Le Mal de la chair



Parmi ceux qui la sollicitèrent, dès qu’elle fut veuve et décidée à vivre librement, selon les ordres de son cœur ou de ses instincts, Marie-Anne n’en retint que deux. Eux seuls lui plaisaient. Comme de juste, ils offraient les contrastes les plus satisfaisants, Guillaume étant grand, fort, vigoureux, d’intelligence lourde et vulgaire ; Philippe, enthousiaste, éloquent, mais d’aspect malingre et peu engageant. Tous deux l’aimaient en toute sincérité, elle le savait, et cette similitude d’amour, autant que l’opposition de leurs mérites et de leurs défauts, la laissaient dans une indécision pénible.

À la fin, elle les emmena chez elle, à la campagne, leur promettant de s’y résoudre en faveur de l’un ou de l’autre. Dans la liberté des relations et dans la vérité de la nature ne serait-elle pas plus à même de connaître l’état réel de ses sentiments ?