Page:Leblanc - Les Huit Coups de l’horloge, paru dans Excelsior, 1922-1923.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment Rénine. Il n’est nul besoin d’assister à un spectacle pour le voir, ni d’écouter des paroles pour les entendre. La raison et l’intuition nous donnent des preuves aussi rigoureuses que les faits eux-mêmes. La garde Boussignol détient, dans le secret de sa conscience, un élément de vérité qui nous est inconnu.

D’une voix sourde, Jean-Louis articula :

Elle vit !… Elle habite Carhaix !… On peut la faire venir !

Aussitôt, l’une des deux mères s’écria :

— J’y vais. Je la ramène.

— Non, dit Rénine. Pas vous, aucun de vous trois.

Hortense proposa :

— Voulez-vous que j’y aille ? Je prends l’automobile et je décide cette femme à m’accompagner. Où demeure-t-elle ?

— Au centre de Carhaix, dit Jean-Louis, une petite boutique de mercerie. Le chauffeur vous indiquera… Mlle Boussignol… tout le monde la connaît…

— Et surtout, chère amie, ajouta Rénine, ne la prévenez de rien. Si elle s’inquiète, tant mieux. Mais qu’elle ne sache pas ce qu’on veut d’elle, c’est là une précaution indispensable si vous voulez réussir.

Trente minutes s’écoulèrent, dans le silence le plus profond. Rénine se promenait à travers la pièce où de beaux meubles anciens, de belles tapisseries, des reliures et de jolis bibelots dénotaient chez Jean-Louis une recherche d’art et de style. Cette pièce était réellement la sienne. À côté, par les portes entrouvertes sur les logements contigus, on pouvait constater le mauvais goût des deux mères.