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Cette sympathie influa sur le père et la mère. Eux aussi se retrouvaient avec satisfaction. Ils n’en causaient pas davantage, mais ces heures de rapprochement leur paraissaient douces et bien remplies.

Paul et Juliette cependant fuyaient les camarades de leur âge. Les bras enlacés, ils marchaient à pas menus, comme des grandes personnes qui s’entretiennent de choses graves. Et en effet ils se confiaient leur existence, leurs punitions, leurs études, les aventures de leur passé, les joies qu’ils attendaient de l’avenir. Chacun prenait sa part des peines de l’autre et l’exhortait à la résignation.

— Sont-ils adorables ! s’écriait Machy.

— Oui, délicieux, mais que diable peuvent-ils avoir à se raconter ?

Curieux de le savoir, ils défendirent à leurs enfants, sous un prétexte quelconque, de s’éloigner d’eux. Les enfants obéirent. Que leur importait ! À voix plus basse, ils continuèrent de chuchoter leurs confidences. Berthe et Machy surprirent quelques mots. Ils en furent tout troublés. Le spectacle de cette intimité resserra la leur. Alors, l’âme réchauffée, le ton ému, ils se communiquèrent, à leur tour, les secrets de leur vie.

Secrets bien simples ! Machy déplora l’humeur querelleuse de sa femme. Ber-