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Il retourna là-bas.

Et ils souffrirent. Ils souffrirent de leur amour, d’être l’un loin de l’autre, de ne savoir l’époque où ils se reverraient. Ils souffrirent comme ils avaient souffert avant leur dernier rendez-vous.

Ils ne l’avouaient pas. Cependant, un jour, il écrivit une lettre pareille à celles qu’il écrivait jadis.

« Ô mon amie, je vis en toi, et c’est ton souffle qui m’anime. Il me semble n’être qu’un objet et n’avoir pas d’autre vie que celle que tu me donnes par ton existence… »

Et il reçut d’elle une lettre où elle se lamentait :

« Ma tristesse est si grande qu’elle s’impose partout, et tout ce qui m’entoure en est saturé, gens, bêtes ou choses… »

Alors ils comprirent qu’ils s’aimaient toujours. Et ils continuèrent leur correspondance. Mais ils n’y parlaient ja-