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— Oh ! mère chérie, mère chérie…

Il joignit les mains et remercia la sainte chair qui lui avait donné la vie et qui la lui donnait encore, la chair maternelle avide de sacrifice jusqu’à immoler sa pudeur.

Elle l’étreignit entre ses bras et le berça doucement. Alors il sentit sous sa joue l’adorable poitrine qu’il connaissait maintenant, et dont il savait la splendeur épanouie, et il tressaillit au plus profond de lui-même.

Ils se dégagèrent, éperdus — terrifiés par la loi d’instinct qui se révélait ; mais très vite, ils joignirent à nouveau leurs yeux mouillés et humbles. Ils comprenaient. La nature exigeait ce châtiment.

Ils l’acceptèrent avec tristesse et joie, comme l’expiation d’un crime auquel ils ne voulaient point renoncer. Oui, la mère dévoilerait au fils le mystère prodigieux de son corps. Et, pour prix du sacrilège, il n’y aurait plus entre eux ni baisers ni caresses.

Ils se sentirent, dès lors, l’âme bien plus belle et bien plus libre…

MAURICE LEBLANC
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