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» Le coupable, le vrai coupable, c’est moi. J’ai délaissé, j’ai trahi ta mère pour des créatures indignes. Abandonnée, elle a suivi les impulsions de son cœur et de ses sens. Ne la juge pas. Le seul juge est son mari, et son mari lui a pardonné, l’excuse et la justifie, car c’était une honnête femme, avide de loyauté.

» Je l’ai compris aussitôt à l’heure terrible où elle m’avoua ses fautes, implorant ma protection contre l’esprit mauvais qui l’entraînait. Et je me suis senti responsable de sa déchéance. C’est pourquoi j’ai voulu le rachat de l’épouse, le sauvetage de notre amour, et mon propre pardon, à mes yeux et aux siens. J’y réussis.

» Nous nous séparâmes. Elle vécut solitaire. J’eus seul la faveur de la voir.

» Et je lui fis la cour. Le passé fut mort. J’avais perdu mes droits de mari ; elle, ses droits de femme. Nous étions deux êtres nouveaux qui cherchaient à se pénétrer et à se conquérir.

» Marc, ce cinquième homme dont ta mère refusa d’écrire le nom, ce fut moi. Je fus son amant, son amant préféré, son dernier amant, le seul, je crois, qu’elle aima, celui entre les bras du-