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et dans son orgueil, qu’elle l’eût trahi si abominablement. Mais elle était morte depuis près de vingt ans, et sa rancune n’avait guère la force de remonter jusque-là. La torture atroce, évidente, palpable, c’était ce Marc qu’on lui enlevait, c’était d’avoir aimé et d’aimer cet enfant auquel nul lien ne le rattachait.

« Il m’est aussi étranger, se dit-il, qu’un orphelin ramassé dans la rue. » Mais, vainement, il tenta de le considérer comme tel. L’enfant faisait partie de lui comme son cœur et son cerveau, et il n’eût pu davantage arracher cette affection de sa vie qu’il n’eût pu vivre sans air ni nourriture.

Il le sentit. Ses efforts ne serviraient à rien. Qu’il fût le père ou non, Marc n’en était pas moins son fils. Et il le clama dans la solitude :

« C’est mon fils, mon fils très cher, le fils de tout mon corps et de toute mon âme. Je le garde. Qu’on essaye de me le prendre ! »