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M. Gélis, chagriné, s’enquit et n’aboutit à aucune découverte. Son inquiétude s’accrut, et, un jour, s’autorisant de son amour paternel, il força le tiroir d’une table où il savait que son fils déposait le journal quotidien de sa vie.

En un cahier spécial, il lut ces pages :

« Mes idées s’entrechoquent dans le tumulte de mon cerveau. Je n’y vois plus. C’est pourquoi je veux résumer ici clairement ma nouvelle situation afin de me déterminer en toute indépendance.

» Avant tout, mon désespoir est juste. La cause en est terrible et inattendue : quelques feuilles de papier trouvées par moi dans un livre de messe et où ma mère consignait, comme je le fais, les principaux épisodes de son existence. Le doute n’est point possible. Au cours de ses douze années de mariage, ma mère n’a pas eu moins de cinq amants.