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DEUX HONNÊTES FEMMES


Elles se rencontrèrent au parc Monceau. Leurs filles, des gamines de cinq à six ans, jouaient ensemble. Les mères se sourirent, puis se parlèrent.

Elles étaient jolies toutes deux, de silhouette élégante et de manières distinguées, l’une, Henriette Dufriche, blonde et grande, l’autre, Suzanne Radouin, brune et mignonne. Elles eussent pu se connaître plus tôt, faisant partie de la même société. Mais elles sortaient peu. Leurs maris, de riches commerçants, les aimaient assez et savaient suffisamment les distraire pour qu’elles ne regrettassent rien de la vie mondaine.

Épouses également tendres, elles aimaient surtout la paix de leur foyer, leur intérieur coquet, l’infinie quiétude de cette existence. Elles avaient des vœux modestes, ne demandant à la destinée, outre quelques bals officiels où exhiber de belles épaules dont elles s’enorgueillissaient à bon droit, que la santé de leurs filles et plus tard d’avantageux mariages.