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tirait l’autre, l’imprégnait de tendresse et lui murmurait les choses qu’il eût voulu dire. Leurs corps resteraient-ils indifférents ? Le désir naquit, et une atmosphère de passion et de volupté s’établit entre eux.

Le rapprochement dépendait d’une occasion. Elle se présenta. Un jour, il la trouva assise au bord du lac, sous la voûte d’un saule dont les branches fuyaient au fil du courant. Sans chercher de prétexte, il s’avança vers elle et la salua. Elle lui fit signe de s’asseoir. Il obéit en tremblant.

Ils causèrent d’abord de choses banales, comme des gens qui n’ont aucun souvenir commun et qui s’enquièrent de leurs points de contact. Lui, l’écouta un moment. Il fut étonné de n’avoir nulle émotion au son de sa voix, qu’il jugea même peu harmonieuse. Combien différait la voix grave qu’il lui attribuait en ses heures d’illusion !