Page:Leblanc - Les Heures de mystère, paru dans Gil Blas, 1892-1896.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pardonnez-moi, mais il est si diable que je n’ose pas le laisser seul, je ne puis en venir à bout.

Invariablement on lui disait :

— Quel joli garçon ! Vous devez en être fière !

Oui, elle en était fière. Il la consolait de l’avortement de ses espérances maternelles. Elle y pensait de toutes ses forces, dans le but inconscient de moins penser à l’autre.

Au fond elle avait un peu honte de son fils. Elle sentait si bien l’apitoiement maladroit de ses interlocuteurs ! On lui citait des cas analogues, aboutissant tous à une guérison absolue. Certes, il se remettrait. D’ailleurs on lui trouvait plus bel aspect et meilleure mine.

Ces réflexions la déchiraient. Elle ne le sortit plus, le reléguant dans un jardinet situé derrière la maison. Elle le cacha.

Gaston causait maintenant. Ils avaient d’interminables conversations. Elle lui attribuait un jugement au-dessus de son âge, du sérieux, de l’esprit. Ses réparties l’émerveillaient.

À sept ans, elle le mit à l’école. Il s’y distingua. La première place lui échut de façon immuable. Le soir, au retour, il travaillait auprès d’elle. À table, il bavardait, racontant des anecdotes sur ses camarades, des détails sur ses amitiés et ses antipathies. Comme elle l’écoutait avidement !