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À quoi l’on répondit :

— Oui, on a retrouvé sous les décombres encore fumants d’un petit chalet situé près de la frontière luxembourgeoise, le cadavre de Dolorès Kesselbach[1] et le cadavre d’un homme que la police reconnut comme étant Arsène Lupin. Mais tout prouve que la mise en scène fut machinée par Lupin, qui voulait, pour des raisons secrètes, que l’on crût à sa mort. Et tout prouve que la police accepta et rendit légale cette mort pour le seul motif qu’elle désirait se débarrasser de son éternel adversaire. Comme indications, il y a les confidences de Valenglay, qui était déjà président du conseil à cette époque. Et il y a l’incident mystérieux de l’île de Capri où l’empereur d’Allemagne, au moment d’être enseveli sous un éboulement, aurait été sauvé par un ermite, lequel, selon la version allemande, n’était autre qu’Arsène Lupin.

Là-dessus, nouvelle objection :

— Soit, mais lisez les feuilles de l’époque. Dix minutes plus tard cet ermite se jetait du haut du promontoire de Tibère.

Et nouvelle réponse :

— En effet. Mais le corps ne fut pas retrouvé. Et justement il est notoire qu’un navire recueillit en mer, dans ces parages, un homme qui lui faisait des signaux, et que ce navire se dirigeait vers Alger. Or, comparez les dates et notez les coïncidences : quelques jours après l’arrivée du bateau à Alger, le nommé don Luis Perenna, qui nous occupe aujourd’hui s’engageait, à Sidi-Bel-Abbès, dans la Légion étrangère.

Bien entendu, la polémique engagée par les journaux à ce sujet, fut discrète. On craignait le personnage, et les reporters gardaient une certaine réserve dans leurs articles, évitant d’affirmer trop catégoriquement ce qu’il pouvait y avoir de Lupin sous le masque de Perenna. Mais sur le

  1. Voir 813.