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— Vous y avez été directement ?

— Presque.

— Comment presque ?

— Oui… J’avais un peu mal à la tête, j’ai dit au chauffeur de monter les Champs-Élysées… l’avenue du Bois… très lentement… et puis de redescendre les Champs-Élysées…

Elle s’embarrassait de plus en plus. Sa voix devenait indistincte. Elle baissa la tête et se tut.

Certes il n’y avait pas d’aveu dans ce silence, et rien n’autorisait à croire que son accablement fût autre chose qu’une conséquence de sa douleur. Mais cependant elle semblait si lasse qu’on eût pu dire que, se sentant perdue, elle renonçait à la lutte. Et c’était presque de la pitié qu’on éprouvait pour cette femme contre qui se tournaient toutes les circonstances et qui se défendait si mal qu’on hésitait à la presser davantage.

De fait, M. Desmalions avait l’air indécis, comme si la victoire eût été trop facile et qu’il eût eu quelque scrupule à la poursuivre.

Machinalement, il observa Perenna.

Celui-ci lui tendit un bout de papier en disant :

— Voici le numéro du téléphone de Mme d’Ersinger.

M. Desmalions murmura :

— Oui… en effet… on peut savoir…

Et, décrochant le récepteur, il demanda :

— Allô… Louvre 25-04, s’il vous plaît.

Et, tout de suite obtenant la communication, il continua :

— Qui est à l’appareil ?… Le maître d’hôtel… Ah ! bien… Est-ce que Mme d’Ersinger est chez elle ?… Non… Et monsieur ? Non plus… Mais, j’y pense, vous pourriez me répondre à ce sujet… Je suis M. Desmalions, préfet de police, et j’aurais be-