Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Desmalions réfléchit.

— Oui, peut-être avez-vous raison.

Puis, se décidant, il mit un stylet dans le haut de l’enveloppe et coupa vivement. Un cri lui échappa :

— Ah ! non, celle-là est raide.

— Qu’est-ce qu’il y a donc, monsieur le préfet ?

— Ce qu’il y a ? Tenez… une feuille de papier blanc… Voilà tout ce que contient l’enveloppe.

— Impossible !

— Regardez… une simple feuille pliée en quatre… Pas un mot dessus.

— Pourtant Vérot m’a dit, en propres termes, qu’il avait mis là-dedans tout ce qu’il savait de l’affaire…

— Il vous l’a dit, mais vous voyez bien… Vraiment, si je ne connaissais pas l’inspecteur Vérot, je croirais à une plaisanterie…

— Une distraction, monsieur le préfet, tout au plus.

— Certes, une distraction, mais qui m’étonne de sa part. On n’a pas de distraction quand il s’agit de la vie de deux personnes. Car il vous a bien averti qu’un double assassinat était combiné pour cette nuit ?

— Oui, monsieur le préfet, pour cette nuit, et dans des conditions particulièrement effrayantes… diaboliques, m’a-t-il dit.

M. Desmalions se promenait à travers la pièce, les mains au dos. Il s’arrêta devant une petite table.

— Qu’est-ce que c’est que ce paquet à mon adresse ? « Monsieur le préfet de police… À ouvrir en cas d’accident. »

— En effet, dit le secrétaire, je n’y pen-