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Edmond, descendants directs de la sœur aînée, étant morts, l’héritage de Cosmo Mornington passait à l’autre branche, celle d’Armande Roussel, et cette branche cadette était représentée jusqu’ici par Mme Fauville.

Le préfet de police et le juge d’instruction échangèrent un regard, après quoi l’un et l’autre se tournèrent instinctivement du côté de don Luis Perenna. Il ne broncha pas.

Le préfet demanda :

— Vous n’avez pas de frère ni de sœur, madame ?

— Non, monsieur le préfet, je suis seule.

Seule ! C’est-à-dire que, rigoureusement, sans aucune espèce de contestation, maintenant que son mari et son fils étaient morts, les millions de Cosmo Mornington lui revenaient à elle, à elle seule.

Une idée affreuse cependant, un cauchemar, pesait sur les magistrats, et ils ne pouvaient s’en délivrer : la femme qu’ils avaient devant eux était la mère d’Edmond Fauville. M. Desmalions observa don Luis Perenna. Celui-ci avait écrit quelques mots sur une carte qu’il tendit à M. Desmalions.

— Asseyez-vous, madame

Le préfet, qui peu à peu reprenait vis-à-vis de don Luis son attitude courtoise de la veille, lut cette carte, réfléchit un instant et posa cette question à Mme Fauville :

— Quel âge avait votre fils Edmond ?

— Dix-sept ans.

— Vous paraissez si jeune…

— Edmond n’était pas mon fils, mais mon beau-fils, le fils d’une première femme que mon mari avait épousée, et qui est morte.