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Ce fut le préfet de police qui dirigea l’attaque. Il le fit nettement, sans détours, d’une voix un peu sèche, où il n’y avait plus, à l’égard de don Luis, les mêmes intonations de sympathie. L’attitude également était plus raide et manquait de cette bonhomie qui, la veille, avait frappé don Luis.

— Monsieur, dit-il, les circonstances ayant voulu que, comme légataire universel et comme représentant de M. Cosmo Mornington, vous passiez la nuit dans ce rez-de-chaussée, tandis que s’y commettait un double assassinat, nous désirons recevoir votre témoignage détaillé sur les divers incidents de cette nuit.

— En d’autres termes, monsieur le préfet, dit Perenna qui riposta directement à l’attaque, en d’autres termes, les circonstances ayant voulu que vous m’accordiez l’autorisation de passer la nuit ici, vous seriez désireux de savoir si mon témoignage correspond exactement à celui du brigadier Mazeroux.

— Oui, dit le préfet.

— C’est-à-dire que mon rôle vous semble suspect ?

M. Desmalions hésita. Ses yeux s’attachèrent aux yeux de don Luis. Visiblement il fut impressionné par ce regard si franc. Néanmoins, il répondit, et sa réponse était claire et son accent brusque :

— Vous n’avez pas de questions à me poser, monsieur.

Don Luis s’inclina.

— Je suis à vos ordres, monsieur le préfet.

— Veuillez nous dire ce que vous savez.

Don Luis fit alors une relation minutieuse des événements, à la suite de quoi M. Desmalions réfléchit quelques instants et dit :

— Il est un point au sujet duquel il