Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/365

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il aurait vécu tranquille, avec quatorze assassinats sur la conscience (j’ai fait le compte), mais avec deux cents millions dans sa poche. Pour un monstre de son espèce, ceci compensait cela.

— Mais, toutes ces preuves, vous les avez ? s’écria vivement Valenglay.

— Les voici, fit Perenna en montrant le portefeuille de cuir marron qu’il avait pris dans le veston de l’infirme. Voici des lettres et des documents que le bandit a conservés par une aberration commune à tous les grands malfaiteurs. Voici, au hasard, sa correspondance avec M. Fauville. Voici l’original du prospectus par lequel on me signala que l’hôtel de la place du Palais-Bourbon était à vendre. Voici une note concernant les voyages que Jean Vernocq fit à Alençon, pour y intercepter les lettres de Fauville au père Langernault. Voici une autre note qui prouve que l’inspecteur Vérot avait surpris une conversation entre Fauville et son complice, qu’il avait dérobé la photographie de Florence, et que Vernocq avait lancé Fauville à sa poursuite. Voici une troisième note qui n’est qu’une copie des deux notes trouvées dans le tome huit de Shakespeare, et qui montre que Jean Vernocq, à qui ces volumes de Shakespeare appartenaient, connaissait toute la machination de Fauville. Voici une quatrième note très curieuse, et d’une psychologie remarquable, où il montre le mécanisme de son emprise sur Florence. Voici sa correspondance avec le Péruvien Cacérès, et des lettres de dénonciation qu’il devait envoyer aux journaux contre moi et contre le brigadier Mazeroux. Voici… Mais est-il besoin, monsieur le président, de vous en dire davantage ? Vous avez entre les mains le dossier le plus complet. La justice constatera que toutes les accusations que j’ai portées, avant-hier, devant M. le préfet de police, étaient rigoureusement exactes.

Valenglay s’écria :

— Et lui ! lui, où est-il, ce misérable ?

— En bas, dans une automobile, dans son automobile plutôt.

— Vous avez prévenu mes agents ? dit M. Desmalions avec inquiétude.