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et poings liés, c’est que Florence Levasseur est morte, et c’est que lui, Arsène Lupin, est mort.

— Or, Lupin est immortel, dit Valenglay en riant. Vous avez raison. Et d’ailleurs, je suis entièrement de votre avis. Personne ne serait plus stupéfait que moi si à l’heure tapante notre excellent ami n’était pas ici. Vous m’avez dit qu’on vous avait téléphoné d’Angers, hier ?

— Oui, monsieur le président. Nos hommes venaient de voir don Luis Perenna. Il les avait devancés en aéroplane. Depuis, ils m’ont téléphoné une seconde fois du Mans, où ils venaient de faire une enquête dans une remise abandonnée.

— L’enquête était déjà faite par Lupin, soyons-en sûrs, et nous allons en connaître les résultats. Tenez, neuf heures sonnent.

Au même instant, on entendit le ronflement d’une automobile. Elle s’arrêta devant la maison et, tout de suite, un coup de timbre.

Les ordres étaient donnés. On fit entrer le visiteur. La porte s’ouvrit, et don Luis Perenna apparut.

Certes pour Valenglay et le préfet de police, il n’y avait rien là qui ne fût prévu, puisque le contraire, ils le disaient, les eût justement surpris. Mais cependant leur attitude trahit, malgré tout, cette sorte d’étonnement qu’on éprouve devant les choses qui dépassent la mesure humaine.

— Et alors ? s’écria vivement le président du conseil.

— Ça y est, monsieur le président.

— Vous avez mis la main sur le bandit ?

— Oui.

— Nom d’un chien ! murmura Valenglay, vous êtes un rude homme.

Et il reprit :

— Et ce bandit ? Un colosse évidemment, une brute malfaisante et indomptable ?

— Un infirme, monsieur le président, un dégénéré… responsable certes, mais en qui les médecins pourront constater toutes les déchéances, maladie de la moelle épinière, tuberculose, etc.

— Et c’est cet homme-là que Florence Levasseur aimait ?

— Oh ! monsieur le président, s’exclama