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La voix s’embarrassait. Il eut un regard anxieux comme si, tout à coup, il n’eût pu prononcer d’autres paroles. Mais, reprenant le dessus :

M. le préfet n’est pas là ?

— Non ; il ne sera là qu’à cinq heures, pour une réunion importante.

— Oui… je sais… très importante. C’est aussi pour cela qu’il m’a convoqué. Mais j’aurais voulu le voir avant. J’aurais tant voulu le voir !

Le secrétaire examina Vérot et lui dit :

— Comme vous êtes agité ! Votre communication a donc tellement d’intérêt ?

— Un intérêt considérable. Il s’agit d’un crime qui a eu lieu il y a un mois, jour pour jour… Et il s’agit surtout d’empêcher deux assassinats qui sont la conséquence de ce crime et qui doivent être commis cette nuit… Oui, cette nuit, fatalement, si nous ne prenons pas les mesures nécessaires.

— Voyons, asseyez-vous, Vérot.

— Ah ! c’est que tout cela est combiné d’une façon si diabolique ! Non, on ne s’imagine pas…

— Mais puisque vous êtes prévenu, Vérot… puisque M. le préfet va vous donner tout pouvoir…

— Oui, évidemment… évidemment… Mais tout de même c’est effrayant de penser que je pourrais ne pas le rencontrer. Alors j’ai eu l’idée d’écrire cette lettre où je lui raconte tout ce que je sais sur l’affaire. C’était plus prudent.

Il remit une grande enveloppe jaune au secrétaire, et il ajouta :

— Tenez, voici une petite boîte également que je mets sur cette table. Elle contient quelque chose qui sert de complément et d’explication au contenu de la lettre.

— Mais pourquoi ne gardez-vous pas tout cela ?

— J’ai peur… On me surveille… On cherche à se débarrasser de moi… Je ne serai tranquille que quand je ne serai plus seul à connaître le secret.

— Ne craignez rien, Vérot. M. le préfet ne