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— Je l’ignore. On m’annonçait simplement que les papiers seraient tel jour — c’est-à-dire ce matin — à Versailles, poste restante, à mon nom. On me priait de n’en parler à personne et de les remettre à Florence Levasseur cet après-midi à trois heures, avec mission de les porter sur-le-champ au préfet de police. On me chargeait en outre de faire parvenir une lettre au brigadier Mazeroux.

— Au brigadier Mazeroux ! C’est bizarre.

— L’envoi de cette lettre, paraît-il, concernait toujours la même affaire. J’aime beaucoup Florence. J’ai donc envoyé la lettre, et ce matin j’ai été à Versailles. On ne m’avait pas trompée : les papiers étaient là. Quand je suis revenue, Florence était absente. Je n’ai pu les lui remettre qu’à son retour, vers quatre heures.

— Ils avaient été expédiés de quelle ville ?

— De Paris. L’enveloppe portait le timbre de l’avenue Niel, qui est précisément le bureau le plus proche d’ici.

— Et le fait de trouver tout cela dans votre chambre ne vous semblait pas étrange ?

— Certes, monsieur le préfet, mais pas plus étrange que tous les épisodes de l’affaire elle-même.

— Cependant… cependant… reprit M. Desmalions, qui examinait la pâle figure de Florence, cependant, en constatant que les instructions que l’on vous donnait provenaient d’ici, de cette maison, et qu’elles concernaient justement une personne qui résidait dans cette maison, n’avez-vous pas eu l’idée que cette personne…

— L’idée que Florence avait pénétré dans ma chambre à mon insu, pour y faire une pareille besogne ? s’écria la supérieure. Ah ! monsieur le préfet, Florence en est incapable.