pas suscité seulement la perte de Marie-Anne, voilà qu’elle déterminait l’empoisonnement de l’infortunée jeune femme ! Était-ce possible ? Devait-on admettre que la vengeance du mort se poursuivait de la même manière automatique et anonyme ? Ou plutôt… ou plutôt n’y avait-il pas quelque autre volonté mystérieuse qui continuait, dans l’ombre, avec la même audace, l’œuvre diabolique de l’ingénieur Fauville ?
Le surlendemain, nouveau coup de théâtre. On trouva dans sa cellule Gaston Sauverand qui agonisait. Il avait eu le courage de s’étrangler à l’aide de son drap. On essaya vainement de le rappeler à la vie.
Près de lui, sur la table, on recueillit une demi-douzaine d’extraits de journaux qu’une main inconnue lui avait communiqués.
Tous, ils relataient la mort de Marie-Anne Fauville.
XIV. — L’héritier des deux cents millions.
Le quatrième soir qui suivit ces tragiques événements, un vieux cocher de fiacre, enfoui sous une vaste houppelande, vint sonner à la porte de l’hôtel Perenna et fit passer une lettre à don Luis. On le conduisit aussitôt dans le cabinet de travail du premier étage. Arrivé là, et prenant à peine le temps de se débarrasser de sa houppelande, il se précipita sur don Luis :
— Cette fois, ça y est, patron. Il ne s’agit plus de rigoler, mais de faire votre paquet et de ficher le camp, et presto.
Don Luis, qui fumait tranquillement, installé au creux d’un large fauteuil, répondit :
— Qu’est-ce que tu préfères, Mazeroux, un cigare ou une cigarette ?
Mazeroux s’indigna :
— Mais enfin, patron, vous ne lisez donc pas les journaux ?
— Hélas !
— En ce cas, la situation doit vous apparaître clairement, comme à moi, comme à tout le monde ! Depuis trois jours, depuis le double suicide, ou plutôt depuis le double assassinat de Marie-Anne Fauville et de son cousin Gaston Sauverand, il n’y a pas un seul journal où vous ne lisiez pas cette phrase ou quelque chose d’approchant : « Et maintenant que M. Fauville, son fils, sa femme et son cousin, Gaston Sauverand, sont morts, plus rien ne sépare don Luis Perenna de l’héritage