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ble et sordide à laquelle la pioche n’a pas encore touché.

Le préfet sauta de voiture.

La porte lui fut aussitôt ouverte.

— Le directeur est là ? dit-il au concierge. Vite, qu’on l’appelle. C’est urgent.

Mais, tout de suite, incapable d’attendre, il se hâta vers les couloirs qui conduisaient à l’infirmerie, et il arrivait au palier du premier étage lorsqu’il se heurta au directeur lui-même.

Mme Fauville ?… dit-il sans préambule. Je voudrais la voir.

Il s’arrêta net, tellement le directeur avait un air de désarroi.

— Eh bien, quoi ? qu’est-ce que vous avez ?

— Comment, monsieur le préfet, balbutia le fonctionnaire, vous ne savez pas ? J’ai pourtant téléphoné à la Préfecture…

— Parlez donc ? Quoi ? Qu’y a-t-il ?

— Il y a, monsieur le préfet, que Mme Fauville est morte ce matin. Elle a réussi à s’empoisonner.

Il vit la jeune femme étendue.

M. Desmalions saisit le bras du directeur et courut jusqu’à l’infirmerie, suivi de Perenna et de Mazeroux. Dans une des chambres, il vit la jeune femme étendue.

Des taches brunes marquaient son pâle visage et ses épaules, des taches semblables à celles qu’on avait observées sur les cadavres de l’inspecteur Vérot, d’Hippolyte Fauville et de son fils Edmond.

Bouleversé, le préfet murmura :

— Mais le poison… d’où vient-il ?

— On a trouvé sous son oreiller cette petite fiole et cette seringue, monsieur le préfet.

— Sous son oreiller ? Mais comment sont-elles là ? Comment les a-t-elles eues ? Qui donc les lui a passées ?

— Nous ne savons pas encore, monsieur le préfet.

M. Desmalions regarda don Luis. Ainsi, le suicide d’Hippolyte Fauville n’arrêtait pas la série des crimes. Son action n’avait