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fait importait pour le présent, le salut de Marie-Anne Fauville.

— C’est vrai, dit-il, nous n’avons pas une minute à perdre. Mme Fauville doit être prévenue sans retard. En même temps, je convoquerai le juge d’instruction, et il est certain que le non-lieu sera rendu incessamment.

Rapidement, il donna des ordres afin que l’on continuât les investigations et que l’on vérifiât toutes les hypothèses de don Luis. Puis, s’adressant à celui-ci :

— Venez, monsieur, il est juste que Mme Fauville remercie son sauveur. Mazeroux, venez donc aussi.

La réunion était terminée, cette réunion au cours de laquelle don Luis donna, de la plus éclatante manière, la mesure de son génie. En lutte, pourrait-on dire, avec des puissances d’outre-tombe, il força la mort à révéler son secret. Il dévoila, comme s’il y eût assisté, l’exécrable vengeance conçue dans les ténèbres et réalisée dans le tombeau.

Par son silence et par certains signes de tête, M. Desmalions laissait percer toute son admiration. Et Perenna goûtait vivement ce qu’il y avait d’étrange pour lui, que la police traquait une demi-journée plus tôt, à se trouver dans une automobile, à côté même du chef de cette police. Rien ne mettait mieux en relief la maîtrise avec laquelle il avait mené l’affaire et l’importance que l’on attachait aux résultats obtenus. Le prix de sa collaboration était tel que l’on voulait oublier les incidents des deux derniers jours. Les rancunes du sous-chef Weber ne pouvaient plus rien contre don Luis Perenna.

M. Desmalions, cependant, se mit à passer brièvement en revue les solutions nouvelles, et il conclut, discutant encore certains points :

— Oui, c’est cela… Il n’y a pas la moindre espèce de doute… nous sommes d’accord… C’est cela, et ce ne peut pas être autre chose. Néanmoins, quelques obscurités subsistent. Avant tout, l’empreinte des dents. Il y a là, contre Mme Fauville et malgré les aveux de son mari, un fait que nous ne pouvons négliger.

— Je crois que l’explication en est très simple, monsieur le préfet. Je vous la donnerai quand il me sera possible de l’accompagner des preuves nécessaires.