Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

çon d’un rapport où l’on n’envisage que les points essentiels.

— Trois mois avant le crime, M. Fauville écrivit une série de lettres à l’un de ses amis, M. Langernault, qui, le brigadier Mazeroux a dû vous le dire, monsieur le préfet, était mort depuis plusieurs années, circonstance que M. Fauville ne pouvait ignorer. Ces lettres furent mises à la poste, mais interceptées par un moyen qu’il nous importe peu de connaître pour l’instant. M. Fauville effaça les timbres, l’adresse, et introduisit les lettres dans un appareil spécialement construit, et dont il régla le mécanisme de manière que la première fût délivrée quinze jours après sa mort, et les autres de dix jours en dix jours. À ce moment, il est certain que son plan était combiné dans ses moindres détails. Connaissant l’amour de Sauverand pour sa femme, et surveillant les démarches de Sauverand, il avait dû, évidemment, remarquer que son rival abhorré passait tous les mercredis sous les fenêtres de l’hôtel, et que Marie-Anne Fauville se mettait à la fenêtre. C’est là un fait d’une importance capitale, dont la révélation me fut précieuse, et qui vous impressionnera à l’égal d’une preuve matérielle. Chaque mercredi soir, je le répète, Sauverand errait autour de l’hôtel. Or, notez-le : 1o c’est un mercredi soir que le crime préparé par M. Fauville fut commis, 2o c’est sur la demande formelle de son mari que Mme Fauville sortit ce soir-là et se rendit à l’Opéra et au bal de Mme d’Ersinger.

Don Luis s’arrêta quelques secondes, puis reprit :

— Par conséquent, le matin de ce mercredi, tout était prêt, l’horloge fatale était remontée, la mécanique d’accusation allait à merveille, les preuves futures confirmeraient les preuves immédiates que M. Fauville tenait en réserve. Bien plus, vous aviez reçu de lui, monsieur le préfet, une lettre où il vous dénonçait le complot ourdi contre lui et où il implorait, pour le lendemain matin, c’est-à-dire pour après sa mort, votre assistance ! Tout, enfin, laissait donc prévoir que les choses se dérouleraient selon la volonté du « haïsseur », lorsqu’un incident se produisit, qui faillit bouleverser ses projets : l’inspecteur Vérot, entra en scène, l’inspecteur Vérot, désigné par vous, monsieur le préfet, pour prendre des renseignements sur les héritiers de Cosmo Mornington. Que se passa-t-il entre les deux hommes ? Nul