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dre. Mazeroux franchit le cordon d’agents qui défendaient les abords de l’hôtel, et il conduisit don Luis sur le talus opposé.

— Attendez-moi là, patron, je vais avertir le préfet de police.

En face, sous le ciel pâle du matin, où traînaient encore des nuages noirs, don Luis vit les dégâts causés par l’explosion. Ils étaient, en apparence, bien moins considérables qu’il ne le croyait. Malgré l’écroulement de quelques plafonds, dont on apercevait les décombres à travers le trou béant des fenêtres, l’hôtel restait debout. Même, le pavillon de l’ingénieur Fauville semblait avoir un peu souffert, et chose bizarre, l’électricité, que le préfet de police avait laissée allumée avant son départ, ne s’était pas éteinte. Dans le jardin ou sur la chaussée gisait un amoncellement de meubles, autour duquel veillaient des soldats et des agents.

La présence de don Luis suscita…

— Suivez-moi, patron, dit Mazeroux, qui revint chercher don Luis et le dirigea vers le bureau de l’ingénieur.

Une partie du plancher avait été démolie. Les murs extérieurs de gauche, du côté de l’antichambre, étaient crevés, et, pour soutenir le plafond, deux ouvriers dressaient des poutres apportées d’un chantier voisin. Mais, somme toute, l’explosion n’avait pas eu les résultats qu’avait dû escompter celui qui l’avait préparée.

M. Desmalions se trouvait là, ainsi que tous ceux qui avaient passé la nuit dans cette pièce et plusieurs personnages importants du parquet de la police. Seul, le sous-chef Weber venait de partir. Il n’avait pas voulu se rencontrer avec son ennemi.

La présence de don Luis suscita une vive émotion. Le préfet s’avança aussitôt à sa rencontre, et lui dit :

— Tous nos remerciements, monsieur. Votre clairvoyance est au-dessus de tout