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Il prit son revolver et tira trois balles dont une cassa l’un des carreaux. Puis, rapidement, il sortit de son cabinet de travail par une petite porte massive qu’il ferma soigneusement à clef. Il se trouvait dans un couloir de dégagement qui contournait les deux pièces et aboutissait à une autre porte donnant sur l’antichambre.

Il ouvrit cette autre porte toute grande et put ainsi se cacher derrière le battant.

Déjà, attirés par les détonations et par le bruit, les agents envahissaient le vestibule et l’escalier. Quand ils arrivèrent au premier étage et qu’ils eurent traversé l’antichambre, la porte du salon étant close, une seule issue s’offrait à eux, le couloir, le couloir au bout duquel retentissaient les appels du sous-chef. Ils s’y engouffrèrent tous les six.

Lorsque le dernier eut disparu après le tournant, don Luis rabattit doucement la porte qui le dissimulait et la ferma comme les autres. De même que le sous-chef, les six agents étaient prisonniers.

— Embouteillés, murmura don Luis. Il leur faudra bien cinq minutes pour se rendre compte de la situation, pour se cogner aux portes closes, et pour en démolir une. Dans cinq minutes, nous serons loin.

Il rencontra deux de ses domestiques qui accouraient effarés, le chauffeur et le maître d’hôtel. Il leur jeta deux billets de mille francs, et il dit au chauffeur :

— Mets le moteur en marche, l’artiste. Et personne autour de la voiture pour me barrer le chemin. Deux mille francs de plus à chacun si je peux prendre le large en auto. Mais oui, c’est comme ça, ne faites pas cette tête d’abrutis. Deux mille francs. C’est à vous de les gagner. Au galop, messieurs.

Lui-même, sans trop se presser, toujours maître de lui, escalada le second étage.