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mort, ou par suite de ma mort, de se considérer comme mon représentant, et d’agir en tout pour le bien de ma mémoire et l’accomplissement de mes volontés. En reconnaissance de ce service, et en mémoire des deux fois où il me sauva la vie, il voudra bien accepter la somme d’un million. »

Le préfet s’interrompit quelques instants. Don Luis murmura :

— Pauvre Cosmo… Je n’avais pas besoin de cela pour remplir ses derniers vœux.

— « En outre, continua M. Desmalions reprenant sa lecture, en outre, si, trois mois après ma mort, les recherches faites par don Luis Perenna et par Me Lepertuis n’ont pas abouti, si aucun héritier ni aucun survivant de la famille Roussel ne s’est présenté pour recueillir l’héritage, la totalité des deux cents millions sera définitivement, et quelles que puissent être les réclamations ultérieures, acquise à mon ami don Luis Perenna. Je le connais assez pour savoir qu’il fera de cette fortune un emploi conforme à la noblesse de ses desseins et à la grandeur des projets dont il m’entretenait, avec un tel enthousiasme, sous la tente marocaine. »

M. Desmalions s’arrêta de nouveau et leva les yeux sur don Luis. Il demeurait impassible, silencieux. Une larme pourtant brilla à la pointe de ses cils. Le comte d’Astrignac lui dit :

— Mes félicitations, Perenna.

— Mon commandant, répondit-il, je vous ferai remarquer que cet héritage est subordonné à une condition. Et je vous jure bien que, si cela dépend de moi, les survivants de la famille Roussel seront retrouvés.

— J’en suis sûr, dit l’officier, je vous connais.

— En tout cas, demanda le préfet de police à don Luis, cet héritage… conditionnel, vous ne le refusez pas ?

— Ma foi non, dit Perenna en riant. Il y a des choses qu’on ne refuse pas.

— Ma question, dit le préfet, est motivée par ce dernier paragraphe du testament :

« Si, pour une raison ou pour une autre, mon ami Perenna refusait cet héritage, ou bien s’il était mort avant la date fixée pour le recueillir, je prie M. l’ambassadeur des