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— Et si la campagne de presse continue autour de mon nom, si l’on réussit, par suite de certains racontars et de certaines coïncidences, à créer un mouvement d’opinion, si l’on demande contre moi des mesures ?…

— Ces mesures ne seront pas prises.

— Je n’ai donc rien à craindre ?

— Rien.

M. Weber renoncera aux préventions qu’il entretient à mon égard ?

— Il agira du moins comme s’il y renonçait, n’est-ce pas, Weber ?

Le sous-chef poussa quelques grognements que l’on pouvait prendre, à la rigueur, pour un acquiescement, et don Luis aussitôt s’écria :

— Alors, monsieur le préfet, je suis sûr de remporter la victoire et de la remporter selon les désirs et les besoins de la justice.

Ainsi, par un changement subit de la situation, après une série de circonstances exceptionnelles, la police elle-même, s’inclinant devant les qualités prodigieuses de don Luis Perenna, reconnaissant tout ce qu’il avait déjà fait et pressentant tout ce qu’il pouvait faire, décidait de le soutenir, sollicitait son concours, et lui offrait, pour ainsi dire, la conduite des opérations.

Les extrémités des deux bâtons s’adaptaient.

L’hommage était flatteur. S’adressait-il seulement à don Luis Perenna ? et Lupin, le terrible, l’indomptable Lupin, n’avait-il pas droit d’en réclamer sa part ? Était-il possible de croire que M. Desmalions, au fond de lui-même, n’admît pas l’identité des deux personnages ?

Rien dans l’attitude du préfet de police n’autorisait la moindre hypothèse sur sa pensée secrète. Il proposait à don Luis Perenna un de ces pactes comme la justice est souvent obligée d’en conclure pour atteindre son but. Le pacte était conclu. Il n’en fut pas dit davantage à ce sujet.

— Vous n’avez pas de renseignements à me demander ? fit-il.

— Si, monsieur le préfet. Les journaux ont parlé d’un calepin qu’on aurait trouvé