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— Hein ? fit Perenna. Où se trouve-t-il ?

— En bas, monsieur. Je ne savais pas d’abord… et je voulais avertir Mlle Levasseur. Mais…

— Vous êtes sûr ?

— Voici sa carte, monsieur.

Perenna lut, en effet, sur le bristol :

Gustave Desmalions

Il alla vers la fenêtre, qu’il ouvrit, et, à l’aide du miroir supérieur, observa la place du Palais-Bourbon… Une demi-douzaine d’individus s’y promenaient. Il les reconnut. C’étaient ses surveillants ordinaires, ceux qu’il avait « semés » le soir précédent et qui venaient de reprendre leur faction.

« Pas davantage ? se dit-il. Allons, il n’y a rien à craindre, et le préfet de police n’a que de bonnes intentions à mon égard. C’est bien ce que j’avais prévu, et je crois que je n’ai pas été trop mal inspiré en lui sauvant la vie. »

M. Desmalions entra sans dire un seul mot. Tout au plus inclina-t-il légèrement la tête, d’un geste qui pouvait être interprété comme un salut. Weber, qui l’accompagnait, ne prit même pas la peine, lui, de masquer les sentiments qu’un homme comme Perenna pouvait lui inspirer…

Don Luis parut ne pas s’en apercevoir, et, en revanche, affecta de n’avancer qu’un fauteuil. Mais M. Desmalions se mit à marcher dans la pièce, les mains au dos, et comme s’il eût voulu poursuivre ses réflexions avant de prononcer une seule parole.

Le silence se prolongea. Don Luis attendait, paisiblement. Puis, soudain, le préfet s’arrêta et dit :

— En quittant le boulevard Richard-Wallace, êtes vous rentré directement chez vous, monsieur ?

Don Luis accepta la conversation sur ce mode interrogatoire, et il répliqua :

— Oui, monsieur le préfet.

M. Desmalions fit une pause et reprit :

— Moi, je suis parti trente ou quarante minutes après vous, et mon automobile m’a