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Perenna avait jeté une exclamation de stupeur, et il fut très étonné d’entendre, presque en même temps, un autre cri, comme un écho très proche.

Sans lâcher le récepteur, il se retourna. Mlle Levasseur était dans le cabinet de travail, à quelques pas de lui, la figure contractée, livide.

Leurs regards se rencontrèrent. Il fut sur le point de l’interroger, mais elle s’éloigna.

« Pourquoi diable m’écoutait-elle ? se demanda don Luis, et pourquoi cet air d’épouvante ? »

Mazeroux continuait cependant :

— Elle l’avait bien dit, qu’elle essaierait de se tuer. Il lui a fallu un rude courage.

Perenna reprit :

— Mais comment ?

— Je vous raconterai cela. On m’appelle. Mais surtout ne venez pas, patron.

— Si, répondit-il nettement, je viens.

— Alors, dépêchez-vous, patron. On donne l’assaut.

— J’arrive.

Il raccrocha vivement le récepteur et fit demi-tour sur lui-même pour sortir de la cabine. Un mouvement de recul le rejeta jusqu’au mur du fond.

À l’instant précis où il allait franchir le seuil, quelque chose s’était déclenché au-dessus de sa tête, et il n’avait eu que le temps de bondir en arrière pour n’être pas atteint par un rideau de fer qui tomba devant lui avec une violence terrible.

Une seconde de plus, et la masse énorme l’écrasait. Il en sentit le frôlement contre sa main. Et jamais peut-être il n’éprouva de façon plus intense l’angoisse du danger.

Après un moment de véritable frayeur où il resta comme pétrifié, le cerveau en désordre, il reprit son sang-froid et se jeta sur l’obstacle.

Mais tout de suite l’obstacle lui parut in-