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chose de solennel qui impressionna le captif et le contraignit au silence.

Il observa l’un après l’autre ses deux geôliers. Les traits bouffis, le teint rouge de Mme Dugrival contrastaient avec le visage délicat de son neveu, mais tous deux avaient le même air de résolution implacable.

La veuve se pencha et lui dit :

« Es-tu prêt à répondre à mes questions ?

— Pourquoi pas ?

— Alors écoute-moi bien.

— Je suis tout oreilles.

— Comment as-tu su que Dugrival portait tout son argent dans sa poche ?

— Un bavardage de domestique…

— Un petit domestique qui a servi chez moi, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Et c’est toi qui a d’abord volé la montre de Dugrival, pour la lui rendre ensuite et lui inspirer confiance ?

— Oui. »

Elle réprima un mouvement de rage.

« Imbécile ! Mais oui, imbécile ! Comment, tu dépouilles mon homme, tu l’accules à se tuer, et au lieu de ficher le camp à l’autre bout du monde et de te cacher, tu continues à faire le Lupin en plein Paris ! Tu ne te rappelais donc plus que j’avais juré, sur la tête même du mort, de retrouver l’assassin.

— C’est cela qui m’épate, dit Lupin. Pourquoi m’avoir soupçonné ?

— Pourquoi ? mais c’est toi-même qui t’es vendu.

— Moi ?