Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mençait à s’alimenter de lait et de bouillon. Il reprenait quelque force et plaisantait.

« À quand la première sortie du convalescent ? La petite voiture est prête ? Mais rigole donc, animal ! Tu as l’air d’un saule-pleureur qui va commettre un crime. Allons, une risette à papa. »

Un jour, en s’éveillant, il eut une impression de gêne fort désagréable. Après quelques efforts, il s’aperçut que, pendant son sommeil, on lui avait attaché les jambes, le buste et les bras au fer du lit, et cela par de fines cordelettes d’acier qui lui entraient dans la chair au moindre mouvement.

« Ah ! dit-il à son gardien, cette fois, c’est le grand jeu. Le poulet va être saigné. Est-ce toi qui m’opères, l’ange Gabriel ? En ce cas, mon vieux, que ton rasoir soit bien propre ! Service antiseptique, s’il vous plaît. »

Mais il fut interrompu par le bruit d’une serrure qui grince. La porte en face de lui s’ouvrit, et Mme Dugrival apparut.

Lentement elle s’approcha, prit une chaise, et sortit de sa poche un revolver qu’elle arma et qu’elle déposa sur la table de nuit.

« Brrr, murmura le captif, on se croirait à l’Ambigu… Quatrième acte… le jugement du traître. Et c’est le beau sexe qui exécute… la main des Grâces !… Quel honneur !… Madame Dugrival, je compte sur vous pour ne pas me défigurer.

« Tais-toi, Lupin.

— Ah ! vous savez ?… Bigre, on a du flair.

— Tais-toi, Lupin. »

Il y avait, dans le son de sa voix, quelque