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elle-même, dont les bavardages inquiétaient et fatiguaient Mme Dugrival, ne fut plus admise. Elle se rejetait sur Gabriel, l’apostrophant chaque fois qu’il passait devant la loge.

« Faites attention, monsieur Gabriel, on vous espionne tous les deux. Il y a des gens qui vous guettent. Tenez, encore hier soir, mon mari a surpris un type qui lorgnait vos fenêtres.

— Bah ! répondit Gabriel, c’est la police qui nous garde. Tant mieux ! »


Or, un après-midi, vers quatre heures, il y eut, au bout de la rue, une violente altercation entre deux marchands des quatre-saisons. La concierge aussitôt s’éloigna de sa loge pour écouter les invectives que se lançaient les adversaires. Elle n’avait pas le dos tourné, qu’un homme, jeune, de taille moyenne, habillé de vêtements gris d’une coupe irréprochable, se glissa dans la maison et monta vivement l’escalier.

Au troisième étage, il sonna.

Son appel demeurant sans réponse, il sonna de nouveau.

À la troisième fois, la porte s’ouvrit.

« Mme Dugrival ? demanda-t-il en retirant son chapeau.

Mme Dugrival est encore souffrante, et ne peut recevoir personne, riposta Gabriel qui se tenait dans l’antichambre.

— Il est de toute nécessité que je lui parle.

— Je suis son neveu, je pourrais peut-être lui communiquer…

— Soit, dit l’individu. Veuillez dire à Mme Dugrival que, le hasard m’ayant fourni des renseignements précieux sur le vol dont elle a été