— Très facile, et je n’eusse certes pas hésité, si j’avais eu affaire à d’autres gens. Mais vrai, ces malheureux m’ont fait pitié. Et puis, vous connaissez cet idiot de Lupin : l’idée d’apparaître tout d’un coup en génie bienfaisant et d’épater son semblable, lui ferait commettre toutes les bêtises.
— Bah ! m’écriai-je, la bêtise n’est pas si grande. Six beaux diamants ! Voilà un contrat que les héritiers d’Ernemont ont dû remplir avec joie. »
Lupin me regarda et, soudain, éclatant de rire :
— Vous ne savez donc pas ? Ah ! celle-là est bien bonne… La joie des héritiers d’Ernemont !… Mais, mon cher ami, le lendemain, ce brave capitaine Janniot avait autant d’ennemis mortels ! Le lendemain les deux sœurs maigres et le gros monsieur organisaient la résistance. Le contrat ? Aucune valeur, puisque, et c’était facile à le prouver, il n’y avait point de capitaine Janniot. « Le capitaine Janniot ! D’où sort cet aventurier ? Qu’il nous attaque et l’on verra ! »
— Louise d’Ernemont, elle-même ?…
— Non, Louise d’Ernemont protesta contre cette infamie. Mais que pouvait-elle ? D’ailleurs, devenue riche, elle retrouva son fiancé. Je n’entendis plus parler d’elle.
— Et alors ?
— Et alors, mon cher ami, pris au piège, légalement impuissant, j’ai dû transiger et accepter pour ma part un modeste diamant, le plus petit et le moins beau. Mettez-vous donc en quatre pour rendre service. » Et Lupin bougonna : « Ah ! la reconnaissance, quelle fumisterie ! Heureusement que les honnêtes gens ont pour eux leur conscience, et la satisfaction du devoir accompli. »