À midi un quart, je m’en allai et me fis conduire à Passy.
Tout de suite, dans la ruelle, j’avisai les quatre gamins de l’ouvrier qui stationnaient devant la porte. Averti par eux, Me Valandier accourut à ma rencontre.
« Eh bien, le capitaine Janniot ? s’écria-t-il.
— Il n’est pas ici ?
— Non, et je vous prie de croire qu’on l’attend avec impatience. »
Les groupes, en effet, se pressaient autour du notaire, et tous ces visages, que je reconnus, n’avaient plus leur expression morne et découragée de l’année précédente.
— Ils espèrent, me dit Me Valandier, et c’est ma faute. Que voulez-vous ! Votre ami m’a laissé un tel souvenir que j’ai parlé à ces braves gens avec une confiance… que je n’éprouve pas. Mais, tout de même, c’est un drôle de type que ce capitaine Janniot… »
Il m’interrogea, et je lui donnai, sur le capitaine, des indications quelque peu fantaisistes que les héritiers écoutaient en hochant la tête.
Louise d’Ernemont murmura :
« Et s’il ne vient pas ?
— Nous aurons toujours les cinq mille francs à nous partager, » dit le mendiant.
N’importe ! La parole de Louise d’Ernemont avait jeté un froid. Les visages se renfrognèrent, et je sentis comme une atmosphère d’angoisse qui pesait sur nous.
À une heure et demie, les deux sœurs maigres s’assirent, prises de défaillance. Puis le gros monsieur à la jaquette malpropre eut une révolte subite contre le notaire.