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chambre. Elle avait aperçu au bout de la rue une patrouille d’hommes armés qui semblait se diriger vers la maison. Louis d’Ernemont s’apprêta vivement, et, à l’instant où les hommes frappaient, disparut par la porte qui donnait sur le jardin, en criant à son fils d’une voix effacée :

« Retiens-les… cinq minutes seulement. »

Voulait-il s’enfuir ? Trouva-t-il gardées les issues du jardin ? Sept ou huit minutes plus tard, il revenait, répondait très calmement aux questions, et ne faisait aucune difficulté pour suivre les hommes. Son fils Charles, bien qu’il n’eût que dix-huit ans, fut également emmené.

— Cela se passait ?… demanda Lupin.

— Cela se passait le vingt-six germinal, an II, c’est-à-dire le… »

Me Valandier s’interrompit, les yeux tournés vers le calendrier qui pendait au mur, et il s’écria :

« Mais c’est justement aujourd’hui. Nous sommes le 15 avril, jour anniversaire de l’arrestation du fermier général.

— Coïncidence bizarre, dit Lupin. Et cette arrestation eut, sans doute, étant donné l’époque, des suites graves ?

— Oh ! fort graves, dit le notaire en riant. Trois mois après, au début de Thermidor, le fermier général montait sur l’échafaud. On oublia son fils Charles en prison, et leurs biens furent confisqués.

— Des biens immenses, n’est-ce pas ? fit Lupin.

— Eh voilà ! voilà précisément où les choses se compliquent. Ces biens qui, en effet, étaient immenses, demeurèrent introuvables. On cons-