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écrite. Cette lettre me donnait l’adresse. Moyennant quelques louis j’ai pris la place de l’ouvrier, et je suis venu avec un anneau d’or coupé et gravé d’avance. Passez, muscade. Le comte n’y a vu que du feu.

— Parfait, » m’écriai-je.

Et j’ajoutai, un peu ironique à mon tour :

« Mais ne croyez-vous pas que vous-mêmes fûtes quelque peu dupé en l’occurrence ?

— Ah ! Et par qui ?

— Par la comtesse.

— En quoi donc ?

— Dame ! ce nom inscrit comme un talisman… ce beau ténébreux qui l’aima et souffrit pour elle… Tout cela me paraît fort invraisemblable, et je me demande si, tout Lupin que vous soyez, vous n’êtes pas tombé au milieu d’un joli roman d’amour bien réel… et pas trop innocent. »

Lupin me regarda de travers.

« Non, dit-il.

— Comment le savez-vous ?

— Si la comtesse altéra la vérité en me disant qu’elle avait connu cet homme avant son mariage et qu’il était mort, et si elle l’aima dans le secret de son cœur, j’ai du moins la preuve que cet amour fut idéal, et que, lui, ne le soupçonna pas.

— Et cette preuve ?

— Elle est inscrite au creux de la bague que j’ai brisée moi-même au doigt de la comtesse et que je porte. La voici. Vous pouvez lire le nom qu’elle avait fait graver. »

Il me donna la bague. Je lus « Horace Velmont ».