Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je suis perdue, gémit-elle, je suis perdue !

— Vous êtes sauvée, au contraire ! Donnez-moi cette bague… et tantôt, c’est une autre qu’il trouvera, une autre que je vous ferai parvenir avant midi, et qui portera la date du vingt-trois octobre. Ainsi… »

Il s’interrompit brusquement. Tandis qu’il parlait, la main d’Yvonne s’était glacée dans la sienne, et, ayant levé les yeux, il vit que la jeune femme était pâle, affreusement pâle.

« Qu’y a-t-il ?… Je vous en prie… »

Elle eut un accès de désespoir fou.

« Il y a… il y a que je suis perdue !… Il y a que je ne peux l’ôter, cet anneau ! Il est devenu trop petit !… Comprenez-vous ?… Cela n’avait pas d’importance, et je n’y pensais pas… Mais aujourd’hui… Cette preuve… cette accusation… Ah ! quelle torture ! Regardez… Il fait partie de mon doigt… Il est incrusté dans ma chair… et je ne peux pas… je ne peux pas. »

Elle tirait vainement de toutes ses forces, au risque de se blesser. Mais la chair se gonflait autour de l’anneau, et l’anneau ne bougeait point.

« Ah ! balbutia-t-elle, étreinte par une idée qui la terrifia… je me souviens, l’autre nuit… un cauchemar que j’ai eu… Il me semblait que quelqu’un entrait dans ma chambre et s’emparait de ma main. Et je ne pouvais pas me réveiller… C’était lui ! c’était lui ! Il m’avait endormie, j’en suis sûre… et il regardait la bague… Et tantôt il me l’arrachera devant sa mère… Ah ! je comprends tout… cet ouvrier bijoutier… c’est lui qui me la coupera à même la main… Vous voyez… vous voyez… je suis perdue… »