Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Yvonne demanda, reprise d’une inquiétude soudaine :

« Alors, ce n’est pas vrai ?… Sa mère n’est pas malade ?… En ce cas, mon mari va revenir…

— Certes, le comte s’apercevra qu’on s’est joué de lui, et, d’ici trois quarts d’heure au plus…

— Partons… je ne veux pas qu’il me retrouve ici… je rejoins mon fils.

— Un instant…

— Un instant !… Mais vous ne savez donc pas qu’on me l’enlève ? qu’on lui fait du mal, peut-être ?… »

La figure contractée, les gestes fébriles, elle cherchait à repousser Velmont. Avec beaucoup de douceur, il la contraignit à s’asseoir, et, incliné sur elle, l’attitude respectueuse, il prononça d’un ton grave :

« Écoutez-moi, madame, et ne perdons pas un temps dont chaque minute est précieuse. Tout d’abord, rappelez-vous ceci : nous nous sommes rencontrés quatre fois, il y a six ans… Et la quatrième fois, dans les salons de cet hôtel, comme je vous parlais avec trop… comment dirais-je ? avec trop d’émotion, vous m’avez fait sentir que mes visites vous déplaisaient. Depuis, je ne vous ai pas revue. Et pourtant, malgré tout, votre confiance en moi était telle que vous avez conservé la carte que j’avais mise entre les pages de ce livre, et que, six ans après, c’est moi, et pas un autre, que vous avez appelé. Cette confiance, je vous la demande encore. Il faut m’obéir aveuglément. De même que je suis venu à travers tous les obstacles, de même je vous sauverai, quelle que soit la situation.