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tements. Elle percevait aussi certains bruits à différents étages de la maison, et savait de la sorte que son mari avait dîné, qu’il montait jusqu’à sa chambre et redescendait dans son cabinet de travail. Mais tout cela lui semblait très vague, et sa torpeur était telle qu’elle ne songeait même pas à s’étendre sur le divan, pour le cas où il entrerait…

Les douze coups de minuit… Puis la demie… Puis une heure… Yvonne ne réfléchissait à rien, attendant les événements qui se préparaient et contre lesquels toute rébellion était inutile. Elle se représentait son fils et elle-même, comme on se représente ces êtres qui ont beaucoup souffert et qui ne souffrent plus, et qui s’enlacent de leurs bras affectueux. Mais un cauchemar la secoua. Voilà que, ces deux êtres, on voulait les arracher l’un à l’autre, et elle avait la sensation affreuse, en son délire, qu’elle pleurait, et qu’elle râlait…

D’un mouvement, elle se dressa. La clef venait de tourner dans la serrure. Attiré par ses cris, le comte allait apparaître. Du regard, Yvonne chercha une arme pour se défendre. Mais la porte fut poussée vivement, et, stupéfaite, comme si le spectacle qui s’offrait à ses yeux lui eût semblé le prodige le plus inexplicable, elle balbutia :

« Vous !… vous !… »

Un homme s’avançait vers elle, en habit, son macferlane et son claque sous le bras, et cet homme jeune, de taille mince, élégant, elle l’avait reconnu, c’était Horace Velmont.

« Vous ! » répéta-t-elle.

Il dit en la saluant :